Cette demeure résulte de la refonte, juste avant la Première Guerre mondiale, d’une maison plus ancienne ayant servi de rendez-vous de vendanges, à l’époque où le domaine était au centre d’une florissante production viticole.
En son état actuel, elle est l'œuvre d'Eugène Carbonel (1856-1933) natif du Rouergue, fixé dans les Landes à la suite de son mariage avec Léonie Ducuron, héritière de ce bien de famille depuis le XVIIIe siècle. Ingénieur de haute compétence et homme d’affaires talentueux, Eugène Carbonel avait réalisé une considérable fortune dans la prospection minière, en particulier en Espagne du Sud et au Chili. Architecte amateur, il est lui-même le concepteur de cette maison de style éclectique mêlant réminiscences de manoirs anglais et motifs d’un Moyen âge de fantaisie, avec tours rondes, fenêtres à croisées et combles pointus.
La famille conserve l'abondant dossier des dessins préparatoires par lesquels Eugène Carbonel a mis au point un à un tous les éléments constitutifs de sa maison. Pour sa parure décorative (cheminées de pierre, lambris et chapiteaux du vestibule d’entrée) il fut fait appel à quelques sculpteurs estimables comme Charles Ségoffin ou Eloi Ducom.
La distribution de la maison a pour espaces principaux un grand salon de 100 m2 (devenu atelier de peinture et salle d’exposition), un salon secondaire dit « le hall » contenant le grand escalier de bois sculpté, et une spacieuse salle à manger aux lambris de bois sculpté. Jouant sur le nom ancien de la maison, Eugène Carbonel a forgé la devise latine qui pare l’une des entrées de la maison « altius tolle tectum », qui signifie « porte plus haut ton toit ». C’est lui, en effet, qui a fait surélever d’un étage la tour carrée, préexistante, qui domine le château et qui servait de château d’eau.
Dans le parc, Eugène Carbonel, qui concevait une grande passion pour les choses et les usages du Pays basque, fit aménager un terrain et un fronton de pelote sur lequel se disputaient de pugnaces compétitions de chistéra. Un court de tennis, équipement précoce en ces premières années du XXe siècle, fait aussi partie des aménagements d’origine, au milieu du parc boisé de chênes et de tilleuls.
La Guerre de quatorze, avec les revers de fortune qui s’ensuivirent, vint mettre un terme aux travaux d’embellissement. La demeure est restée jusqu’à ce jour dans la même famille. C’est aujourd’hui la petite-fille d’Eugène et son mari, Marie-Lys et Bernard Sournia, artistes tous les deux, qui entretiennent le Domaine, en l’ouvrant l’été à des vacanciers.